Vivre ensemble

Des ateliers pour cultiver la cohésion entre élèves

« De pouvoir impliquer les élèves dans ce genre de projet, c’est vraiment riche. Ils sont preneurs et très respectueux du travail de leurs camarades ».
Lucien Gfeller, enseignant et délégué à la PSPS pour l’établissement, Echallens

Court descriptif

Partir du constat que la violence se faisait de plus en plus présente dans leur école et aboutir à deux matinées entièrement animées par les élèves de 10 classes collaborant ensemble : telle est la jolie réussite du projet « Vivre ensemble » mené sur le site de Court-Champ C à Echallens. Car ici une grande valeur est accordée au climat scolaire. Ainsi, huit fois par année, tous s’arrêtent durant 1 à 2 périodes pour vivre simultanément une activité en lien avec le vivre ensemble. Les thématiques abordées sont proches des préoccupations des élèves tandis que les activités favorisent les échanges constructifs. 

Objectifs éducatifs

  • Contribuer à la réussite scolaire et à la qualité de l’éducation
  • Construire un climat scolaire harmonieux en favorisant la cohésion de classe et en renforçant le sentiment d’appartenance à l’école
  • Prévenir la violence et les conflits en résolvant les désaccords de manière constructive 
  • Lier les activités proposées avec le quotidien des élèves, les amener à réfléchir sur les valeurs et à échanger des opinions 
  • Donner des clés pour être capable d’interagir dans le respect de l’autre
  • Favoriser l’autonomie des élèves en les impliquant activement dans la préparation des ateliers

Points forts

Des moments réservés exclusivement au projet

La régularité et le suivi sont assurés grâce à des activités planifiées sur l’année scolaire, avec des échéances fixées à l’avance. Le fait de bloquer ces moments et que toutes les classes du bâtiment y participent en même temps renforce la place accordée aux valeurs qui sont véhiculées à travers ces ateliers

Le projet s’inscrit dans la durée

La continuité pour tous les élèves est assurée par le déploiement du projet sur les quatre années du cycle 2. Le fait que le projet s’inscrit dans la durée, qu’il a débuté en 2017 et concerne 10 classes est gage de sa solidité. Grace à la répétition des activités consacrées au vivre ensemble, la cohésion entre élèves s’améliore.

L’adhésion et l’engagement des élèves et des enseignant.e.s

Le travail se fait sous forme d’ateliers, donnant à l’ensemble des élèves la possibilité de s’impliquer de manière équitable. Le dernier atelier animé par les élèves représente l’aboutissement du projet. Le fait que tous les enseignant.e.s du bâtiment participent est important. Tant les élèves que les enseignant.e.s ont du plaisir à partager ces moments, renforçant le sentiment d’appartenance.

Prendre le temps de cultiver le vivre-ensemble entre élèves et enseignant.e.s 

Le projet « Vivre ensemble » délivre un message important aux élèves : leurs enseignant.e.s prennent le temps d’apprendre à les connaitre, d’être avec eux et de favoriser la cohésion de classe. En effet, on ne peut pas demander aux élèves de travailler ensemble, de collaborer et de s’entendre les uns avec les autres sans leur offrir des occasions d’exercer ces savoirs-faire. 

La non-exigence de performance 

Lors de ces moments, les enseignant.e.s se souviennent que leur rôle va au-delà de la transmission et de l’évaluation de connaissances. Quant aux élèves, outre qu’ils apprécient ces moments moins scolaires, ils sont preneurs et réceptifs. C’est aussi une manière de dire stop aux journées qui s’enchainent et à la pression des notes. 

 

Etapes et déroulement

En amont : agender les rencontres et trouver des enseignant.e.s volontaires

Huit rencontres d’une 1 à 2 périodes sont agendées sur l’année scolaire, dans le cadre des horaires conventionnels. Toutes les classes impliquées vivent en même temps une activité en lien avec le vivre ensemble. Agender les rencontres évite que le projet ne soit relégué après d’autres tâches et oublié une fois passé l’enthousiasme du début d’année. La direction de l’établissement est consultée et donne son accord préalable pour les plages horaires consacrées au projet.
Le projet nécessite que des enseignant.e.s portent le projet et motivent les collègues par l’exemple. Par ailleurs, la concertation et quelques séances de planification avec les collègues sont nécessaires. 

Préparer l’activité 

Les thématiques traitées ouvrent la discussion sur des problématiques vécues par les élèves. Par ex. les stéréotypes de genre, le cyberharcèlement, les influences de groupe, la surconsommation vestimentaire, etc. Les thématiques sont choisies de manière flexible, selon le contexte et l’inspiration du moment ; certaines sur la base des activités de « Grandir en paix », certaines en partant d’un film ou d’une exposition inspirante, le choix étant volontairement large. Tous les enseignant.e.s apportent leurs idées, aussi sur la base de la consultation de leurs classes. Des objectifs par séquence sont définis, par ex. dans une situation de harcèlement ; pourvoir nommer les trois personnes impliquées : harceleur, victime et témoin. Lors de la préparation, ce que l’on souhaite retenir de l’atelier est défini ainsi que la forme. Il peut s’agir d’un panneau affiché dans la salle de classe d’un panier où les élèves vont piocher un petit souvenir, etc.

Mener l’activité

Les 7 premiers ateliers sont animés et enrichis par les divers.e.s enseignant.e.s pour leur classe. Le dernier atelier est organisé par les élèves sous forme d’un rallye des compétences. Chaque classe se voit attribuer deux disciplines scolaires, de façon que toutes les disciplines du PER sont représentées. Les élèves doivent imaginer et préparer deux activités pour leurs camarades, de manière très libre et sur le temps scolaire, avec l’aide des enseignant.e.s de ces disciplines. Par exemple, la classe de Monsieur Gfeller a préparé deux activités, en arts visuels et géographie, puis a vérifié si elles fonctionnaient bien. Ensuite, des panneaux ont été affichés dans la salle de classe pour en garder une trace visuelle. 
Le rallye se déroule en deux étapes, sur deux matinées différentes. Une première fois les élèves de 7H présentent leurs activités aux autres élèves de 7H, les 8H aux 8H. La semaine suivante les 7H font découvrir leurs activités aux 8H et inversement. Parmi les animations proposées on trouve : un karaoké en anglais, des défis de physique (par ex construire la plus haute tour avec uniquement des feuilles et un ciseau ou un parcours d’adresse pour que deux fils électrifiés ne se touchent pas), la création de son blason, la composition collaborative d’une œuvre en feutrine, etc.

Après l’activité

Cf. ci-dessous « Comment évaluer ».
Le projet évolue en permanence, rien n’est figé. Le projet est désormais bien ancré dans le bâtiment des 7-8H du site de Court-Champ. La volonté existe désormais d’étendre le projet sous cette forme à toutes les classes (cycle 1 et 2) de l’établissement. Et donc d’inclure tous les enseignant.e.s dans le projet.
A l’avenir, les élèves seront encore plus impliqués dans la préparation et l’animation des ateliers. En effet, les ateliers avec les apports venant des élèves ont très bien marché, d’où la volonté de proposer ce type de formule deux fois sur l’année. Parallèlement au projet « Vivre ensemble » d’autres idées émergent pour ancrer l’EDD, notamment un jardin scolaire.

 

Organisation

Membres

Le projet s’inscrit dans la durée et tient compte des ressources personnelles des personnes impliquées, sur la base du volontariat. Même les enseignant.e.s qui n’enseignent pas le jour de l’atelier collaborent à la préparation, de manière à être informé.e.s de ce que font leur élèves et pour pouvoir réactiver les acquis. Le délégué pour la PSPS de l’établissement primaire d’Echallens gère l’ensemble du projet et peut s’appuyer sur des collègues ouvert.e.s, prêt.e.s à se lancer. La direction est soutenante. Les délégué.e.s pour la PSPS accompagnent le projet, par ex. en commandant le matériel nécessaire et en encourageant à l’utiliser. Le conseil des élèves est régulièrement consulté.

Matériel

Les enseignant.e.s sont libres dans le choix des thématiques et du matériel utilisé. Au début du projet, le matériel pédagogique « Grandir en paix » a servi de support car il est en lien avec les valeurs de l’établissement. Peu à peu les enseignant.e.s ont développé leur propres activités, dans le même esprit. D’autres ressources sont privilégiées, par exemple la méthode « Vers le Pacifique », des ressources trouvées sur le site d’éducation21. L’essentiel est que le matériel sélectionné favorise la réflexion et la discussion, par ex. à propos de son comportement sur les réseaux sociaux. 

Gestion des salles 

Les premiers ateliers sont gérés par les enseignant.e.s dans leurs salles de classe.s. Les deux dernières rencontres nécessitent de réserver toutes les salles du bâtiment et de prévoir des espaces dans les couloirs. 

 

Moyens pédagogiques

  • Ateliers pour apprendre à se connaître et à mieux travailler ensemble
  • Discussions sur la base d’un film ou d’un autre support
  • Rallye des compétences
  • Conseil des élèves (20 délégués de classe)
  • Travaux de groupe
  • Jeux collaboratifs
     

Evaluation

Le projet « Vivre ensemble » permet de travailler plus spécifiquement certaines compétences transversales dans des moment clés. Globalement il est relevé plus d’empathie, de respect du travail de l’autre et une meilleure communication entre élèves. L’enseignant.e gagne au final du temps sur l’enseignement car un climat favorable au travail scolaire se crée. Lors des deux matinées gérées par les élèves, ceux-ci se montrent concentrées, collaboratifs, se déplacent sans bruit, etc. Ils adaptent leur comportement en conséquence. Leurs enseignant.e.s leur donnent un signal de confiance, renforçant le sentiment d’autonomie et d’estime de soi.

Dans ce projet, l’évaluation a une visée formative.

Débriefing, Feedback des élèves et du conseil des élèves

Chaque activité fait l’objet d’un débriefing en classe, où chacun.e est libre de s’exprimer. Il en va de même pour l’évaluation du rallye. Par ex. après un atelier mené par une classe et qui n’a pas bien fonctionné en raison d’une mauvaise compréhension des consignes, les délégué.e.s des élèves se sont montrés bienveillant.e.s et ont donné des feedbacks constructifs. La classe a pu redonner son atelier la semaine suivante comme prévu mais avec des modifications. Et cette fois l’atelier a bien fonctionné. 
A d’autres moments dans l’année scolaire, il arrive que des élèves fassent référence à un atelier précédent quand une problématique se présente dans la classe. Il s’agit d’un signal pour les enseignant.e.s que les sujets traités ont retenu l’attention et peuvent être transposés dans d’autres contextes par les élèves. 

Pratique enseignante réflexive, leaning by doing

Du côté des enseignant.e.s aussi, le projet offre de bonnes occasions d’affiner leur pratique. Elles et ils se donnent le droit d’être ambitieux et ambitieuses mais aussi réalistes et humbles à la fois, d’essayer et d’ajuster si cela ne marche pas après en avoir compris les raisons.  

 

Défis rencontrés par l'interviewé.e

Mener un tel projet demande de l’implication, tant du porteur/de la porteuse de projet que des collègues impliqué.e.s. Le défi principal consiste à convaincre les collègues à se lancer dans le projet. Bien qu’elles/ils ne soient pas réticent.e.s, souvent elles/ils mentionnent un manque de temps ou de motivation, de conviction ou de persévérance. Sans être réfractaires, certain.e.s ont besoin de voir et de se rendre compte que cela marche pour pouvoir se lancer. A l’école primaire d’Echallens, la perception des enseignant.e.s a évolué en fonction des ateliers où elles et ils ont été intégré.e.s, à mesure qu’elles et ils ont vu les aspects positifs et ont eu du plaisir à vivre ces moments. 

Passé l’engouement du début, quand le temps vient à manquer parmi toutes les autres obligations, la tentation est grande de vouloir abandonner un atelier. C’est dans ces moments qu’il faut persévérer, chercher comment continuer dans les moments difficiles. D’où ici la mise en place de l’organisation au niveau de l’institution.

Les activités sont élaborées au fur et à mesure. Il n’existe aucune certitude si une activité va bien fonctionner ou non. Il faut donc oser se lancer, ne pas hésiter à dire aux élèves qu’on ne sait pas si cela va marcher. Car l’indulgence envers soi et envers les autres fait partie du vivre ensemble. 

Facile à reproduire?

Le projet a été réalisé dans des classes de 7-8 H, mais il est transposable à tous les degrés de la scolarité. En effet, le vivre ensemble concerne tous les élèves. Quel que soit leur âge, un climat de travail sain, de bonnes relations avec les camarades et les enseignant.e.s et la participation aux décisions qui les concernent sont essentiels à la réussite de tous les apprenant.e.s. La partie du projet qui est prise en charge par les élèves peut être allégée ou amplifiée selon le degré d’autonomie des élèves. Les débuts peuvent être modestes, avec 2 ou 3 classes.

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En bref

Mots-clés
Vivre ensemble
Type de pratique
En classe
Niveau scolaire
Etablissement primaire Echallens Emile Gardaz
Membre du réseaux d'écoles21
Oui
Nombre de classes
10
Nombre d'enfants
220
Lieu
Echallens
Canton
Degré d’applicabilité
long terme
Durée
1-2 périodes 8x par année
Temps de préparation
Correspond au temps de préparation habituel d’une période d’enseignement, auquel ajouter la concertation avec les collègues
Budget et financement

Frais usuels pour du matériel scolaire, soutien initial de l’unité PSPS pour l’achat de ressources pédagogiques.

Forme d’évaluation
formatif
Liens au plan d'études