Vivre ensemble | 3 questions, 3 réponses avec Michelle Jutzi
25.06.2025

Michelle Jutzi

Prof. Dre Michelle Jutzi, Institut pour la recherche, le développement et l’évaluation, spécialisation en gouvernance du système scolaire, Haute école pédagogique de Berne.

1. Comment l'échange sur ce dossier thématique a-t-il enrichi le travail mutuel ?

Cet échange nous a incités à réfléchir au lien qui existe entre coopération et vivre ensemble. La coopération est ciblée et systématique, et doit profiter aux deux parties. La recherche sur la coopération entre enseignant.e.s distingue plusieurs niveaux : échange, répartition des tâches et co-construction. Le vivre ensemble, en revanche, n'a pas d'objectif clairement défini et ne nécessite pas nécessairement une coopération ciblée. Le vivre ensemble peut toutefois être influencée par des normes, telles que les attentes en matière de bonne cohabitation. Citons par exemple une colocation, où la cohabitation est favorisée par des objectifs communs et une compréhension mutuelle. La réflexion menée dans le dossier thématique a montré que la conception normative d'une bonne coopération et d'un bon vivre ensemble est plus proche qu'on ne le pensait initialement. 

2. Selon toi, quel est l'aspect le plus intéressant de la vie en communauté à l'école ? 

Je m'intéresse surtout aux conséquences de la normativité des concepts pour le développement scolaire : à l'école, on vise un bon vivre ensemble afin d'obtenir des effets positifs, tels que la confiance, la participation ou un sentiment d'appartenance. Cependant, les formes de cohabitation peuvent varier considérablement d'une école à l'autre.

Il se peut que dans l'école A, le vivre ensemble se traduise par de rapides salutations, par le fait que tout le monde ne connaisse pas le prénom de tout le monde et que tout le monde quitte rapidement la salle après les réunions. Alors que dans l'école B, les enseignant.e.s passent beaucoup de temps à l'école en dehors des cours (par exemple pour préparer leur enseignement), elle et ils ont des échanges informels fréquents et discutent ensemble de situations ou d'événements de leur quotidien scolaire.

Il s'agit là de deux formes différentes de vivre ensemble. Mais pouvons-nous dire ce qui est bien ou mal, bon ou mauvais dans chacune d'elles ? Cet exemple met en évidence un autre aspect : le vivre ensemble est influencé par les possibilités de coopération et les valeurs qui y sont associées, c'est-à-dire « ce qu'on fait et ce qu'on ne fait pas ». La relation entre la coopération et le vivre ensemble est donc complexe et multiforme dans la pratique quotidienne.

3. Comment chacun peut-il contribuer de manière simple et concrète à une culture scolaire positive ?

Comme le montrent les exemples ci-dessus, une culture scolaire positive peut et doit varier en fonction des personnes impliquées et de leurs valeurs. En ce qui concerne une culture scolaire positive, il convient de se poser les questions suivantes : quelles sont les normes et les valeurs importantes pour la vie en communauté dans notre école ? Notre direction apprécie-t-elle et encourage-t-elle activement la vie en communauté ? Combien de personnes connaissent et défendent précisément cette attitude envers la collaboration dans notre école ?

Je dirais que la manière dont nous vivons ensemble est l'expression de la culture scolaire et qu'il est important d'en être conscient. Cependant, ces « facteurs culturels » (kulturellen Artefakte) ne reflètent qu'une partie de la réalité. Si une direction souhaite mettre en œuvre la culture existante de l'école B, le leadership et la participation jouent alors un rôle central. D'une part, la direction doit connaître son objectif et accompagner les enseignant.e.s dans cette voie. D'autre part, la participation de tous les enseignant.e.s et des autres collaboratrices et collaborateurs de l'école à ce processus et la négociation commune de ce qui peut être réalisé jouent un rôle central.